300 jours en Suède.

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31/03/2004 Sur mon trente-et-un.

Aux français qui organisaient une soirée de départ ce soir : désolé, j'ai trop mal au crâne pour sortir de mon lieu de villégiature. Je vous souhaite, de ces quelques lignes, un bon retour. La suède vous a-t-elle apporté quelque chose ?

.:.à vous !.:.

30/03/2004 Epilez-vous les filles, c'est le printemps !

Silence radio pendant quatre jours - nous reviendrons sur le pourquoi du comment de la chose ce soir.

Aujourd'hui, température positive, soleil magnifique, et surtout, surtout une sublimissime et terriblement agréable brise du sud, qui ride la surface des nombreuses flaques d'eau engendrées par la fonte des glaces. Malgré l'absence de nuage, le son le plus commun de ces jours-ci c'est celui des gouttes d'eau, qui dégringolent des toits, terrasses, cuvettes et tous autres objets sur lesquels la neige s'était déposée, formant sur le sol lacs et rivières sinuant sur le bitume. Par endroits, la terre est à présent à nu, laissant apparaître une herbe jaunâtre - stigmate de l'hiver qui s'achève (si, si).

Dans les arbres, des oiseaux optimistes chantent.

Il me manque juste un hamac.

Late night update.

Oui donc. C'est le printemps, je disais. Pour l'être humain, c'est la période de reproduction qui commence. Je vous en parlerais bien en détail, les rituels, les approches, tout ça, mais je passerais sans doute pour un cynique. Que je suis. Bref. Qui dit reproduction dit, pour certains, sentiments - si si c'est logique. Les sentimentaux, qui se surnomment cyniquement "loosers", font partie de deux catégories : ceux pour qui sont aimés en retour, et ceux qui cumulent les expériences malheureuses. C'est toute la différence entre Roméo et Alceste, pour ceux qui aiment le théâtre (cette phrase était là pour faire croire que j'ai de la culture).

Donc voilà, le printemps arrive, on se dégèle, et, merci Ô Grand Métabolisme, on remarque qu'on est seul. Et donc on se met en quète d'un(e) partenaire - généralement quelqu'un qu'on connait déjà d'ailleurs, ça marche comme ça les sentimentaux, ça s'attache. Et inévitablement, vient le moment du râteau, ou de "l'expérience malheureuse", pour rester politiquement correct (d'ailleurs, "politiquement correct" est le terme "politiquement correct" pour dire "cynique", le saviez-vous ?).

Chaque printemps, c'est la même chose, je me retrouve à devoir essayer de remonter le moral à des potes qui se sont faits rejeter pour la Xème ou Yème fois. Y'a pas de justice quand même : ceux qui ont un coeur sont toujours perdants, les salauds, eux par contre, se portent très bien.

Le pire, finalement, c'est que si chaque année ils ont le même problème, c'est essentiellement à cause de leur conviction que se mettre en couple est la seule manière d'affronter l'existence.

Moi je ne peux pas faire grand chose d'autre que les écouter parler. De toute façon, si je commence à dire qu'être seul n'est pas une tare, ils acquiescent sans y croire, ou bien me ressortent l'éternel argumentaire-contre-la-solitude qui me ferait presque sentir coupable d'être seul... Et plutôt heureux.

.:.à vous !.:.

27/03/2004 On the road again...

Parti à la recherche d'un nouveau vélo (eh oui, le printemps approchant, les routes redeviennent pratiquables), j'ai passé la journée en centre-ville. Le samedi, les boutiques ferment à 16 heures, et le centre d'Umeå est rempli à ras bord de gens qui trouvent que le shopping est un fort bon moyen de passer une après-midi agréable. Les fikas et bistrots sont pleins, et les galeries commerciales bruissent d'une activité peu commune.

Quand, à seize heures, les boutiques ferment, le centre-ville se vide d'un coup, et ne restent plus sur le trottoir qu'un malheureux joueur d'accordéon (il doit avoir froid aux doigts à jouer toute la journée), un distributeur de tracts qui semble ne parler ni suédois, ni anglais, et un chercheur de vélos.

Umeå est pleine de boutiques dites "de seconde main" (ou d'occaze, si vous préférez). J'en connaissais déjà quelques-unes, essentiellement celles qui vendent du matériel sportif (Second Hand Sport sur Kungsgatan à l'est, la boutique derrière l'hypermarché de Strömpilen, et celle au nord à Ersboda), j'en ai découvert autant d'autres aujourd'hui, dans un registre assez différent : une boutique vendant des surplus de stocks militaires (Kungsgatan, à l'ouest), une boutique vendant des vêtements et décorations (Nygatan), et une boutique tenue par un vieil homme dont la passion dans la vie semble être de réparer des vélos (Nygatan, un peu plus à l'est).

J'ai donc à présent mon "nouveau" vélo, et j'ai découvert les joies du pédalage dans la neige fondue (imaginez pédaler dans de la choucroute glissante, c'est à peu près ça). Le vélo en question est un "Monark" à la hollandaise, cette fois-ci avec vitesses (3 vitesses utilisant un système intégré au moyeu de la roue arrière, je n'avais jamais vu ça auparavant), sans doute âgé d'une quinzaine d'années, mais en très bon état général (dans le jargon : "il roule").

Vais-je reprendre mes expéditions vers la campagne, ou attendrai-je le printemps ? Toute la question est là.

.:.à vous !.:.

26/03/2004 Un jour ordinaire.

Sept heures du matin. J'ouvre les volets, le soleil brille. Sur le container rouillé, en face de ma chambre, une pie ébouriffée sautille, une branchette de bois au bec. Une autre, plus petite, l'observe du coin de l'oeil. Le printemps approche-t-il ?

Dix heures et demie du même matin. Sortie de cours, le soleil brille davantage, la neige est aveuglante, au point que, de retour au bercail, mes yeux mettent bien cinq minutes à se réhabituer à l'éclairage du corridor. Se méfier du soleil polaire (note pour plus tard...).

Midi. La gravité semble très présente dans la cuisine, où tous les occupants font immanquablement tomber quelque chose. La lumière de l'extérieur inonde notre petit coin d'intérieur, et dehors, la neige fond millimètre par millimètre. Des toitures, de grosses plaques de poudreuse dégringolent sur le sol.

Soir. Alors que le soleil se couche lentement sur l'horizon, le corridor est calme. Les suédois sont partis en week-end, et je suis une fois de plus seul. En discutant avec les parents d'un ami, venus sur Umeå hier, ces derniers me racontaient avoir été surpris par le calme de ce pays encore emmitouflé sous son manteau de neige.

Et c'est vrai : ici, on peut, en pleine ville, entendre les oiseaux chanter et le vent souffler dans les branches des arbres. Je crois que c'est de loin ce calme que je regretterai le plus, quand je partirai...

.:.à vous !.:.

25/03/2004 Où manger végétarien à Umeå... ?

La réponse est simple : dans un... Fast-food. Plus précisément, Max, l'équivalent de notre Quick national, concurrent de Mac Donald's, propose un "veggie burger" qui, à défaut d'être bon (c'est un fast-food, souvenez-vous), a au moins le mérite de bien tenir l'estomac.

Quand on verra ça en France, les poules (que l'on espère vivantes) auront des dents !

.:.à vous !.:.

24/03/2004 Exploitation forestière à domicile.

Avec six heures de "thesis project" par jour, pas trop le temps d'aller admirer la nature toujours hivernale et de passer des heures à se promener dans les bois. On se contente de ce qu'on a, c'est à dire du trajet boulot/dodo. Entre Ålidhem, mon lieu de villégiature, sorte de "village de travail" pour étudiants, et la fac, une petite piste cyclable sinue entre bois et bâtiments universitaires, et constitue mon trajet quotidien.

Quand mes narines ont senti l'odeur de la sciure fraîche, en ce beau matin de printemps (c'est pas parce qu'il y a 30 centimètres de neige que c'est l'hiver, bordel !), j'aurais dû me douter que quelque chose en cet endroit si familier ne tournait pas rond. Comme qui dirait, il y avait tout à coup une grande perturbation dans la force. Et quand je suis arrivé au milieu du bois, je me suis rendu compte de la source du trouble : les arbres avaient disparu.

Un bulldozer et un croisement entre une grue et un tractopelle étaient joyeusement en train de couper les arbres (eh oui, ici au pays du bois, tout se fait de manière mécanique), alors que les étudiants passaient, indifférents pour la plupart, sur cette piste longeant la scène.

Sans doute vont-ils construire un nouveau bâtiment, ou un parking, ou que sais-je encore. Et on me dira que vu la quantité d'arbres en Suède, quelques-uns de plus ou de moins, ça n'a pas vraiment d'importance. Moi je veux bien, mais en attendant, la magie d'aller à la fac en passant à travers bois, elle, a déjà disparu. On ne pense pas assez à la magie...

.:.à vous !.:.

21/03/2004 Rien à voir.

Tiens c'est amusant ça : on ne dit plus "pacifiste" mais "anti-guerre" (cf la Une du Monde d'aujourd'hui). Pourtant cela n'a rien à voir : le pacifiste cherche des solutions qui ne sont pas la guerre, les anti-guerre sont juste "contre" sans rien proposer d'autre. Mais on nous a tellement dit que la guerre (en Irak ou ailleurs) était la seule solution que bon, pour discréditer ceux qui pensent autrement, il faut les désigner autrement...

C'est ça, le pouvoir des mots. Effrayant, non ?

Le programme du soir.

Le joyeux bloc de texte ci-dessous est un... Programme informatique (si, si). Originalement conçu pour être mon entrée à .:.IOCCC.:., je l'ai finalement gardé pour moi. Juste pour prouver que la programmation, ça *peut* être aussi un art...

#include <stdio.h>
#define LL  /* Once upon a time, there were */ 80 /* little pigs.            */
#define IiI /* They */ "r" /* now dead.                                      */
#define iIi /* Only */ "a" /* pig survived.                                  */
#define iiI /* He had "la */ "\n" /* ".                                      */
#define III /* I mean, he was */ stdin /* on the graveyard.                  */
#define iII /* He wanted to */ char /* his pain, but he couldn't             */
#define iii /* 'cause he was */ stdout /* of loudspeaker.                    */
#define Iii /**/ int /* it important to have one ?                           */
#define IIi /* The FBI had a */ FILE /* on him.                              */
#define iif /* They were ready to get him */ if /* he made a mistake.        */
#define lLL /* But the pig was not to */ srand /* -er.                       */
#define fii /* If he did so, who */ }else{ /* would take care of the         */
#define iiF /* graves */ for /* his fellows ?                                */
#define llL /* So he decided to */ fwrite /* a letter to the wolf, hoping    */
#define lll /* he */ fgets /* it without problem.                            */
#define lIi /* However, */ time /* was sparse.                               */
#define LiI /* And the postman was not a nice */ feof /* at all.             */
#define LlL /* He'd */ fopen /* the letter and learn every                   */
#define lII /* */ rand /* written inside.                                    */
#define lLl /* What to do ? */ fprintf /*ing the letter with a               */
#define Lll /* crypting system using a random key : */ "terate" /*.          */
#define LIi /* If the letter */ strlen /* was not long, there                */
#define LLl /* would be not enough data to */ strcmp /*are it with, and it   */
#define liI /* would be okay. That was his */ main /* objective.             */
#define Lii /* But the */ sizeof /* the letter was too important, and it got */
#define LLL /* caught. 700 agents were */ realloc /*ated to study it.        */
#define lii { /*                                                  AN END     */

iII   li[LL+1],**iL,**Il;
IIi   *lI,           *Li;
Iii   il,    IL,      LI;
Iii   liI   (Iii i1,  iII    **I1) lii
iif   (i1   > 1 && !  LLl    (I1[1],iIi))lii
li[   (LL    )]&= ~   li[    LL];
lI=   (LlL    (ili,   iIi    ));
Li=   (LlL(iLi       ,iIi    ));
lll   (li,   LL ,     III    );
iiF   (;LLl  (li,     "."    iiI);)lii
iiF   (il&=  ~il     ;li[    il]!='|';il++);
llL   (li,1,  il    ,lI);
lLl   (  lI,        iiI);
llL   (li+il+1,1,LIi(li)-    il-2,Li);
lLl   (Li,          iiI);
lll   (li,  LL,    III);}    fii
iL=   (Il=LI&=    ~LI  );
lLL   (lIi(il&   ~  il));
lI=   (LlL(ili  ,IiI  ));
Li=   ( LlL (  iLi,IiI));
iiF   (;!LiI  (lI);)  lii
iL=   (LLL(  iL,Lii(iII*)    *LI+1));
iL[   (LI)  ]=LLL(0, LL);
lll   (iL[LI],LL,lI);LI++    ;}
Il=   (LLL(0,Lii(iII*)*LI    ));
iiF   (il&=~il    ;il< LI    ;il++)lii
Il[   (il)]=        LLL(0    ,LL);
lll   (Il[     il    ],LL    ,Li);}
il=   (lII    ()%    (LI-    1));
IL=   (lII    ()%     2);
iif   (  !    IL)     lii
lLl   (iii    ,iL    [il]    );
lll   (li ,   LL,   III);
iif   (LLl(   Il    [il],    li))
lLl   ( iii,       "illi"    Lll "!" iiI);fii
lLl   ( iii ,     Il[il])    ;
lll   (li, LL,   III   );
iif   (LLl  (iL [il],li))
lLl   (iii,"illi" Lll "!"    iiI);
}}}

.:.réagissez.:.

19/03-20/03/2004 Réflexions sur fond de cafféine.

Les suédois sont amateurs de café - de bon café, pas comme les américains qui vous servent du jus de chaussette :-p. J'ai déjà parlé de l'habitude du fika, l'équivalent du café-croissant, je n'ai pas précisé sa fréquence : au moins quatre fois par jour, plus encore, sans doute, pour les informaticiens.

Il y a une explication rationnelle derrière tout ça, si, si. L'explication, c'est que l'hiver, sans café, les suédois hiberneraient. Il semble en effet que l'on ait ici tendance à dormir plus pendant la saison froide, et moins pendant la saison chaude - cet été, j'étais en forme avec 6 heures de sommeil par nuit, cet hiver, il m'en fautpresque le double.

Nous consommons donc joyeusement notre cafféine quotidienne. Lors des soirées, le café côtoie souvent l'alcool, d'où la très bonne excuse "non merci pas d'alcool pour moi, j'ai encore du café dans mon verre". Petit extrait de dialogue entendu hier soir, à ce propos :

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18/03/2004 Constatation matinale.

5 heures 30 du matin : il fait jour. Ou alors c'est mon réveil qui a un problème ?

Late night update.

Ce soir, j'ai découvert un aspect qui m'était totalement méconnu de la vie suédoise. En effet, je me suis rendu, accompagné d'un ami habitué des lieux, dans une sorte de "menuiserie collaborative". Je m'explique : la municipalité d'Umeå met à disposition des salles avec du matériel pour travailler le bois. Des créneaux horaires sont aménagés et un employé de la mairie vient animer les séances de "construction".

L'essentiel des participants sont des suédois adultes, plutôt âgés, hommes ou femmes. Ils viennent avec une idée de réalisation, et l'animateur les aide à réaliser leur projet. Mon ami fabriquait une table de bois, et j'ai pu observer l'évolution de son projet au cours des semaines.

La participation à l'atelier est gratuite, chacun amène simplement son bois pour travailler sur les machines. Une fois la réalisation terminée, libre à son créateur d'en faire ce qu'il veut. C'est une bonne méthode, pour les "manuels", de travail de la créativité.

Un bon exemple de "l'état providence" en action... Ou plus prosaiquement de la vitalité associative de la ville.

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17/03/2004 L'odeur venue d'ailleurs.

C'est le soir. Dans le calme corridor numéro huit, l'heure du repas approche. Les habitudes alimentaires en Suède sont assez proches de celle de l'angleterre: un solide petit-déjeuner, un repas de midi léger, et un gros repas du soir pris assez tôt. Le tout est complété par quelques "fikas" (le café-croissant à la sauce locale), ainsi que par un petit en-cas pris avant d'aller au lit.

C'est le soir, et Jim a commencé à faire un gâteau, dont l'odeur se répand dans tout l'immeuble. Ca sent le miel et la farine, et ça me met l'eau à la bouche... Vais-je réussir à négocier la reddition d'un morceau ?

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16/03/2004 Jenufa.

On m'en avait parlé, je n'y avais jamais mis les pieds, erreur qui est rectifiée : ce soir, je suis allé pour la première fois au Norrlands Operan (l'Opéra des terres du nord, en français, c'est beau non ?), d'une manière totalement fortuite d'ailleurs : un petit message reçu dans ma mailbox (c'est beau l'internet), et le tout est décidé.

L'opéra en suède, ce n'est pas vraiment élitiste: si la moyenne d'âge des spectateurs est certes plus élevée que ceux que l'on peut trouver en boîte, force est de constater qu'il y a un paquet de jeunes, suédois évidemment - à noter que ce sont surtout des filles, en fait. Le prix peu élevé du billet y est sans doute pour quelque chose. Pour le reste, pas de costard-cravate, mais tenue bien portée quand même - mon baggy kaki et le vieux pull camionneur troué font légèrement tiquer l'ouvreuse. Bah.

Le Norrlands Operan est une petite salle moderne, comprenant environ 600 sièges. Entre la salle est la scène, la fosse d'orchestre est une vraie fosse, d'où l'on voit à peine dépasser une harpe et deux contrebasses. Dommage. Assis au troisième rang, nous sommes aux premières loges.

Jenufa est un opéra chanté, intégralement en suédois (sans dec). Une histoire assez classique d'amour et de jalousie de deux demi-frères pour l'héroïne, avec des éléments de critique sociale (le crime de la religieuse qui, pour éviter le déshonneur à sa protégée, va sacrifier l'enfant que cette dernière mettra au monde) et des grands classiques humains (la violence, le pardon, la justice). Si je n'ai pas compris l'intégralité des dialogues, la musique était superbe (très bon orchestre !), les acteurs vivants et les chants puissants, les décors sympathiques (bien que parfois un peu envahissants, mais c'était sans doute voulu), et la mise en scène, renforcée par un subtil jeu de lumière sur les protagonistes, originale.

Plus de trois heures d'opéra, mais rien d'ennuyeux. S'il était besoin de prouver qu'un bon opéra peut se passer de la compréhension des dialogues pour être apprécié, voilà qui est fait !

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15/03/2004 Brume, le retour.

Les nuages persistent et s'accrochent. J'essaie de ne pas céder à Lofofora et de voir autre chose dans leurs formes informes que de sombres images. Petit saut à UB, où je fais main basse sur trois livres et fais sonner l'alarme par inadvertance. Eh oui, même en Suède, pays où le vol n'existe pas, on est obligé de mettre une alarme aux portes des bibliothèques...

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14/03/2004 Brume.

Nous sommes en fin d'après-midi. La neige est blanche, le ciel est gris, et une brume moite enveloppe la ville. Comme dans un jeu vidéo d'aventure, je ne peux m'empêcher de penser aux mystères cachés derrière ces nuages du sol, mais chaque pas que je fais ne révèle qu'un petit coin d'ordinaire de plus. Et l'atmosphère un peu glauque de ces soirées d'hiver n'est pas sans rappeler Londres et son brouillard si bien dépeint par Conan Doyle...

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13/03/2004 L'empire contre-attaque.

Deux heures de film, coupures de pub toutes les 20 minutes. Ma chère Shay, les anti-pub que tu décries tant, on aimerait bien les voir ici :).

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10/03-12/03/2004 Onze.

Trois petits jours, trois jours longs.

Mercredi. Patin à glace sur la patinoire locale, partie de hockey improvisée, sans crosse mais avec une balle de tennis, accompagnés par un petit groupe de suédois et d'étudiants internationaux.

Jeudi. Pendant qu'en Espagne se déroulent des événements dont j'ignore encore l'existence, je descends en ville, croise une manifestation d'étudiants, qui se regroupent sur la place centrale pour jouer un peu de musique, formant un choeur, accompagné de cinq ou six guitaristes, un contrebassistes, et deux joueurs de djembé (voir photos). Le temps était beau et l'air vif, j'en ai profité pour faire une petite promenade qui me mena jusqu'à Gammlia, le centre d'art contemporain de la ville.

L'essentiel de mes journées, en ce moment, je les passe à la fac, à travailler sur mon "thesis project". Aussi je n'ai pas toujours de choses intéressantes à raconter sur la suède, l'essentiel de mes interactions se faisant avec la machine, au détriment de l'humain.

C'est sur mon ordinateur que j'apprends la nouvelle des attentats à Madrid. Coïncidence, au même moment, l'université se couvre d'une brume persistante, l'air se refroidit, et la nuit tombe d'un coup. La journée se termine sur cette ombre.

Vendredi. Aujourd'hui, donc. Ciel gris persistant, brume qui va et vient, au gré de mon humeur semble-t-il. Impossible de travailler à la fac, je gamberge sur mon clavier, discutant avec mes amis distants sur ICQ ou IRC, consultant mes mails, lisant Le Monde en ligne en quète d'informations. En milieu d'après-midi, un message de Petter, le coordinateur international, nous parvient : les étudiants espagnols veulent organiser une manifestation en ville. Pour la Paix, contre la terreur.

Je me rends sur place, dans le froid de la fin d'après-midi. Quelques autres étudiants étrangers rejoignent le petit groupe constitué principalement d'ibérisants. Nous sommes une vingtaine à grelotter sur la place centrale, celle-la même qui abritait la veille une musique si joyeuse. Le message, semble-t-il, est passé trop tard pour toucher tous les étudiants, pour la plupart partis en week-end. Alors, au lieu de défiler, nous choisissons de nous taire.

Le vent s'ingénie à éteindre les cierges que nous tentons d'allumer. Seul un, entre les mains d'un espagnol, tiendra le coup pendant les quinze minutes de recueillement que nous observons. "Like a candle in the wind", comme disait Elton. Enfermées dans mon silence, mes pensées sont, hélas, sur les rails de la veille. J'imagine les chocs, les cris, la mort qui se frotte les mains devant la moisson que lui offre la folie des hommes. Les larmes me viennent aux yeux, sans sortir. Je n'ai plus de larmes à offrir à ce monde.

Puis nous nous dispersons, et la vie reprend son cours. J'ai froid. Je préfère, une fois encore, rentrer que sortir.

Sept mois.

Sept mois que j'ai débarqué en Suède. Ou embarqué pour la Suède, selon le point de vue que l'on prend.

Sept mois d'une semi-retraite, loin de la France et de sa culture. Sept mois de hauts et de bas, sept mois de découvertes et d'apprentissages. Sept mois de travail, sept mois de loisirs.

A présent, je suis bien adapté au pays. Je commence même à en parler la langue, que j'utilise dans la vie de tous les jours (achats, directions, etc.). Les coutumes étranges des suédois sont devenues en grande partie les miennes, et j'ai apporté à la vie locale un petit coin de France que j'avoue, parfois, avoir eu un peu de honte à traîner.

A présent, mon rythme de vie est bien établi, et le Journal s'en ressent. J'ai beaucoup parlé de la Suède et, pour le moment en tout cas, je n'ai plus grand chose à ajouter. Il faut dire aussi que l'hiver se prolonge, à mon goût en tout cas, un peu trop.

Tout semble être en suspens, et tout se passe comme si les suédois attendaient le dégel pour reprendre leur activité. Dans sa gangue de neige, Umeå hiberne. Et moi de même.

Ce grand calme, ce grand blanc, aura été très profitable à de nombreux points de vue, favorisant entre autres mes réflexions. Il semble, ceci dit, que j'aie atteint le mois dernier un pic, certains diraient un climax, dans ma démarche d'introspection.

Depuis que j'ai su trouver les mots pour me décrire, depuis que j'ai écrit ce que j'ai écrit, je me sens plus serein, comme libéré d'un grand poids. Mais je ne vais pas m'étaler dans une autosatisfaction trop facile et faussée par le simple fait que je suis mon propre juge.

Malgré tout, je dois remercier les suédois pour de nombreuses choses. J'ai décidé de me convertir au végétarisme pas seulement à cause de ma lecture de Gandhi, mais aussi parce qu'ici à Umeå, une minorité importante de la population est végétarienne - certains citent le chiffre de 30% - et cette minorité était là pour m'aider. Si les premières semaines sans viande ont été difficiles, l'habitude est prise.

Intéressant est le fait que j'en aie tiré des avantages : tout d'abord, mon goût et mon odorat se sont développés, pas toujours dans la bonne direction d'ailleurs puisque mon nez est devenu beaucoup plus sensible à l'odeur de la viande qu'auparavant. En même temps, je commence à trouver du goût aux divers légumes que, il n'y a pas si longtemps, je trouvais fades, et c'est une bonne chose en soi.

Ensuite, les maux de tête auxquels j'étais sujet plusieurs fois par semaine ont entièrement disparu depuis que j'ai cessé de consommer de la viande et du lait. Bien entendu, cet amélioration subite de mon état de santé peut être liée à d'autres facteurs, mais malgré tout, la corrélation des deux événements est troublante, et c'est pour moi une raison nécessaire et suffisante pour ne pas revenir en arrière.

Une autre rencontre déterminante a été celle des féministes suédoises. On dit souvent que le féminisme français est mort, heureusement celui de Suède est bien vivant, et j'ai petit à petit fait la connaissance du milieu (c'est entre autres ce qui m'a amené à lire Judith Butler et Simone de Beauvoir) et rencontré des personnalités intéressantes. Chose amusante, on ne m'a jamais demandé pourquoi un homme s'intéressait aux questions touchant les femmes - ce qui prouve que les suédoises sont passées au-delà de la catégorisation obligatoire.

Pour moi, leur quête, plus que celle de l'égalité homme/femme, est celle de la liberté - que les femmes puissent être ce qu'elles veulent et vivre comme elles le souhaitent, sans discrimination. Au lieu de dénigrer ces mouvements, l'homme (masculin) ferait bien de s'interroger, lui aussi, sur le rôle qu'on lui réserve, et qui commence à être mis en scène dans les media...

Ces rencontres, les débats et discussions qu'on a eues, m'ont conforté dans l'idée que j'ai volée à Sartre : la raison de l'être, c'est la liberté. Je ne suis pas le seul à me battre pour elle. La liberté est un combat, mon combat - la réflexion, à présent, doit être de trouver le meilleur moyen de le mener. Ecrire ? Voyager ? Nul ne sait. Peut-être un peu de tout. Ecrire en voyageant. Raconter la paix, initier à la non-violence, s'instruire et instruire les autres... Tirer l'avenir vers la lumière plutôt que vers les ténèbres où terroristes et gouvernements corrompus l'attirent. En nos temps troublés, nous avons un devoir : ne pas céder au pessimisme, et agir pour que l'espoir vive.

Sept mois. La Suède m'a définitivement changé.

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08/03-09/03/2004 Conversation interne.

Vous êtes probablement suédois quand :

A part ça, ça n'a rien à voir, mais quand on est à l'étranger, on apprécie particulièrement trois choses : recevoir des courriels, recevoir des cartes postales, et recevoir des colis. En ce beau jour de mars, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres un splendide colis contennat 11 livres ainsi que diverses choses... Les intéressés se reconnaîtront, je les remercie grandement ! Voilà qui va occuper mes bien courtes soirées de fin d'hiver...

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06/03-07/03/2004 Nuit blanche.

Soirée sympa samedi soir, l'anniversaire d'une suédoise... Où l'on apprend que la coutume ici, pour les anniversaires, c'est d'apporter le petit déjeuner au lit ! La fin de nuit voit émerger un grand débat sur la nature de l'amour, qui, alcool oblige, dérive sur la monogamie et la polygamie. Il est temps de partir. Mais le temps de rentrer, le soleil se lève déjà... Dormir, et louper tout le jour ? Moyen. On va plutôt rester éveillé, et on en profitera pour se lever plus tôt demain, tiens.

En attendant, aujourd'hui, je suis en mode "dans la lune". Et je crois, chers lecteurs, que je répondrai à vos mails demain (oui je sais, je repousse), parce que mes talents littéraires se réduisent à peau de chagrin quand je suis fatigué.

Poil aux djembés.

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05/03/2004 Working day on ice.

Midi. A la fin d'un affreux cauchemar rempli de Mickey et Minnie mouse vivant joyeusement dans une chaumière, au milieu d'une campagne remplie de fleurs joyeuses et d'animaux joueurs, je décide qu'il est temps de me réveiller. Comme je ne veux pas me réveiller en plein rève, je lui trouve une fin digne de ce nom: le vent se lève et une tempète se met à emporter la chaumière, les fleurs, les oiseaux, Mickey, Minnie et les autres, laissant derrière lui une terre dévastée et stérile. C'est mieux. Je devrais faire scénariste. J'ouvre un oeil. Le monde ordinaire est là. Ouf.

Par delà les volets, le soleil brille chaleureusement. Aller travailler à la fac, alors que j'y ai passé la soirée d'hier ? Bof. Par contre, aller faire de la luge avec le troupeau de suédois qui s'apprète à partir, c'est mieux.

Neuf personnes, 11 luges de toutes formes et toutes couleurs, une piste de ski fermée aux skieurs et sur laquelle nous avons été seuls la plupart du temps, et c'est parti pour une après-midi de glisse, ponctuée par les éternels fika (Christel avait apporté du chocolat chaud, moi du café, Dipak des biscuits...). Trois heures et demie de délire.

Nous rentrons fourbus, et prenons un sauna bien mérité. Le soir tombe doucement. Bientôt la suite !

Later in the night update.

Après un repas et quelques travaux informatiques (vendredi... Geeky days... Suivez, enfin), et alors que la nuit est tombée depuis longtemps, nous regardons un talk-show suédois, dans lequel l'animateur organise un concours pour donner un nom à un... Poisson rouge. Nous suivons donc les aventures du dit poisson, sa rencontre romantique avec un autre poisson (probablement femelle), leur soirée dancing, la fin à l'hôtel, et une chute mythique. Plus passionnant que ça, tu meurs !

Enfin la nuit, mes heures favorites. Musique dans les oreilles, esprit en éveil. Que vais-je créer ce soir... ?

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03/03-04/03/2004 Oraguon

Tu es parti.

Laissant tes boules de cuir derrière toi, et sans avoir eu le temps de voir un mai Paris de plus. Marie-Christine n'aura plus l'occasion de t'entendre chanter sous son balcon, saoûl ou pas d'ailleurs.

Tu es parti rejoindre ce ciel plein de satellites, passant de vie à trépas en une dernière mutation.

Claude, je n'ai pas toujours été très bon public avec toi, je t'ai souvent délaissé pour d'autres musiques plus "jeunes", mais dans mon coeur, tes chansons ont toujours eu et auront toujours une place à part.

Puisses-tu trouver la paix là où tu es à présent. Et quand on s'y retrouvera, j'espère t'entendre chanter dans les cieux...

Late night update

A tous ceux qui m'ont écrit et à qui je n'ai pas répondu... Prenez votre mal/bien/indifférence en patience, il fait -18°C dehors encore cette nuit, cela influe beaucoup sur mon métabolisme, qui refuse d'écrire plus que le strict minimum (c'est à dire un post ici tous les deux jours, et encore).

Ce week-end, promis. Je réponds.

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01/03-02/03/2004 Fierté déplacée.

Parce que je le vaux bien

Ci-dessus, mon premier pain, fait avec du seigle. Pas mauvais, manque de sel, passe très bien le test de la confiture.

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